Nous vous avons déjà parlé plusieurs fois du tout nouveau film Super Mario Bros. De bande-annonce en bande-annonce, Nintendo distillait des informations, et chez JustGeek, on attendait forcément la sortie (le 6 avril 2023 en France) avec une grande impatience ! Alors, avait-on raison de se réjouir ? Cette nouvelle aventure du plombier moustachu est-elle (enfin) à la hauteur de la plus célèbre saga vidéoludique de tous les temps ? On vous livre notre avis sur Super Mario Bros. le film, fraîchement sorti des tuyaux !
Un vrai film Super Mario, enfin !
Peu de personnes ont vu le tout premier métrage consacré au petit héros sauteur, sorti en 1986 au Japon. À priori, il était sympathique… sans avoir passé les frontières de son pays d’origine pour autant, jusqu’à récemment. Dans tous les cas, le Royaume Champignon n’en était qu’à ses débuts. La plupart des jeux devaient encore sortir – bref, minces sont les chances pour que ce film touche beaucoup de fans à l’heure actuelle.
Puis il y a eu l’immondice bourbeuse de 1993, un croisement entre un mauvais téléfilm du dimanche sur TF1 et une série B peu inspirée.
En somme, le vrai portage à l’écran des Mario Bros., on l’attendait encore. Ou on ne l’attendait plus. Quoi qu’il en soit, il est agréable de voir que Big N a digéré son traumatisme et s’est enfin décidé à retenter l’expérience. Pour notre plus grand plaisir.
La genèse des Super Mario Bros
Super Mario Bros. le film a été réalisé par Aaron Horvath et Michael Jelenic, sous la houlette du fameux studio Illumination. Le postulat de base s’avère particulièrement intéressant (et surprenant), puisqu’il ne s’agit pas de retrouver Mario et ses amis au détour d’une aventure parmi les autres. Non, Matthew Fogel, le scénariste-en-chef, nous propose un retour aux origines.
Ainsi, dans les premières minutes du film (promis, on ne vous raconte pas tout), les deux frères à salopette se sont simplement mis à leur compte en tant que plombiers à Brooklyn. Une série d’événements va les faire voyager jusqu’au somptueux Royaume Champignon.
On serait tentés de penser, dès lors, que ce « retour en arrière » retrace l’intrigue (simple) des premiers jeux vidéo. Ce n’est pas tout à fait le cas. On peut parler d’un reboot, en fait : l’histoire des deux frères, de la Princesse Peach, des courageux Toad et du féroce Bowser est modernisée. Remise au goût du jour.
Par exemple, et c’est frappant lorsqu’on approche cette production de manière un peu analytique, exit le kidnapping de Peach. Cette réinvention 2023 met en scène une femme forte, indépendante, prête à se battre à armes (littéralement) égales aux côtés de ses amis. Le cliché de la blonde simplette qui a longtemps été rattaché à ce personnage s’évanouit complètement.
Aussi, et heureusement, les producteurs, scripteurs, animateurs n’ont pas oublié l’impressionnante série de jeux et de spin off qui a enrichi la saga Super Mario depuis 1985. Les références pleuvent. Même si les deux frangins semblent devoir tout redécouvrir… le fan, lui, n’est pas dupe.
Du fan service en self-service, servi par une réalisation au top
S’il y a bien un aspect qui a été soigné dans Super Mario Bros. Le Film (sans que ce soit le seul point positif, évidemment), c’est ce qu’on appelle le fan service. Vous préférez Mario Kart aux jeux de plate-formes originels ? Vous aurez droit à toute une séquence de course. Et si vous avez adoré Mario Galaxy et ses merveilles spatiales ? Les références pleuvent – jusqu’à un personnage nietzschéen dont on ne vous dira rien de plus. Une chose est sûre : ce philosophe en cage nous a vraiment surpris !
Il faudrait revoir plusieurs fois ces quelques 90 minutes de « bobine » pour identifier tous les easter eggs et autres références plus évidentes. Les décors multiplient les madeleines de Proust. Quand nos protagonistes se dandinent à Brooklyn, notamment, un véritable hommage aux jeux d’arcade des années 1980 s’orchestre d’une image à l’autre.
Et tout ça se révèle admirablement beau. L’animation (évidemment 100% en 3D) frise le petit chef d’œuvre. Vous en prendrez plein les yeux tout au long de l’épopée : des arc-en-ciel aux indémodables ennemis du plombier en passant par… l’eau, nous voilà face à un vibrant hommage coloré à cet imaginaire fourmillant qui berce petits et grands depuis les années quatre-vingt.
La bande-son n’est pas en reste non plus. Les compositions sont évidemment, pour la plupart, issues des épisodes sur console. Pas question de les reprendre telles quelles en revanche : le résultat est symphonique, éclectique, et colle parfaitement à l’ambiance.
Voilà donc pour le côté visuel et sonore. Difficile d’y trouver de véritables défauts. Les puristes voudront sans doute déplorer l’américanisation de la bande-son par-ci, par-là (a-t-on encore le droit d’insérer Take on me dans une œuvre en 2023 ???) ; rien de bien méchant, cela dit.
Qu’en est-il du scénario et de l’écriture, maintenant ?
Un scénario un peu (trop ?) linéaire, mais une écriture intéressante
Comme on l’a dit un peu plus tôt, il n’y a donc pas de princesse en détresse à sauver, cette fois. C’est même le contraire : Peach devient la sensei du jeune plombier. Bowser reste l’ennemi, sauf que tout le monde s’allie pour l’annihiler. La formule se veut tout à fait dans l’ère du temps. La société post-patriarcat fait prendre un nouveau tournant à la dynamique Mario Bros. D’ailleurs, Super Mario Odyssey avait déjà amorcé l’idée sur Switch. Même s’il fallait à nouveau retrouver la jeune femme au départ, elle prenait son indépendance dès la deuxième partie du titre.
Avant l’immersion champignonesque, on peut enfin rencontrer la famille de Mario et Luigi. On connaissait certains de leurs cousins (Wario, Waluigi…), mais on pouvait vraiment les penser orphelins jusqu’ici. Mine de rien, cela humanise les personnages. Leur découverte du Royaume Champignon résonne comme un voyage initiatique. Chaque défi les menant au combat final contre Bowser va leur apprendre à se faire confiance, et à développer leur potentiel.
Petit bémol, toutefois : la trame apparaît aussi linéaire qu’un niveau dans les jeux. C’était sûrement l’effet recherché. Pour autant, le scénario perd un peu en profondeur avec ce parti-pris. L’approche a quelque chose de mécanique. Cette « facilité » est rattrapée par une écriture vraiment intéressante. Il y a quelques banalités, mais également des dialogues (ou monologues, comme une inoubliable chanson qu’on vous laisse apprécier) très réussis. Ce n’est pas trop lisse, un peu incisif par endroits, ce dont on se contentera largement pour un film tout public.
Jamais deux sans trois… sauf pour Super Mario !
Selon la logique du « jamais deux sans trois », cette œuvre aurait dû rater le coche. En l’occurrence, la règle est brisée ! Les deux premières tentatives d’adaptation passent à la trappe. Et nous pouvons enfin profiter d’un film Super Mario à la hauteur.
Bien sûr, il n’y a rien de subtile ou de révolutionnaire à se mettre sous la dent. C’est une œuvre qui se déguste plutôt comme un paquet de bonbons que comme une assiette de caviar. Mais rien ne nous oblige à faire la fine bouche à chaque sortie cinéma, n’est-ce pas ?
Si vous avez des enfants, n’hésitez pas à leur faire profiter du spectacle. Sachant que ces minutes d’évasion sauront également plaire aux adultes… à condition de se laisser glisser le long des tuyaux en verre, et d’apprécier une parenthèse lumineuse. Réservez vos places !