Sora débarque en France : que vaut l’IA génératrice de vidéos d’OpenAI ?

Après plusieurs mois d’attente, Sora, le générateur de vidéos par intelligence artificielle d’OpenAI, est désormais accessible en France et en Europe. Jusqu’ici limité à certains pays pour des raisons réglementaires, l’outil arrive enfin sur notre continent avec la promesse de révolutionner la création vidéo. Mais que vaut vraiment Sora ? Qui peut l’utiliser ? Et quelles sont ses limites ? On fait le point.

Un lancement retardé par la réglementation européenne

Présenté en février 2024, Sora avait suscité un engouement immédiat avec des démonstrations bluffantes de génération vidéo à partir de simples descriptions textuelles. Cependant, son déploiement en Europe avait été retardé en raison des réglementations strictes sur l’IA et la protection des données. OpenAI a dû s’adapter aux exigences de l’AI Act, notamment en ce qui concerne la transparence et la gestion des contenus générés.

Après un premier lancement en décembre 2024 aux États-Unis, OpenAI a annoncé le 28 février 2025 l’arrivée de Sora dans plusieurs pays européens, dont la France, le Royaume-Uni, la Suisse, la Norvège et l’Islande.

Comment fonctionne Sora ?

Sora repose sur un modèle avancé de génération vidéo capable de créer des séquences à partir de simples descriptions textuelles (ou prompts). L’outil va même plus loin en intégrant des fonctions d’édition avancées :

• Modification de vidéos existantes : remplacement ou suppression d’éléments.
• Allongement des séquences : possibilité d’étendre un clip avant ou après un moment clé.
• Fusion de vidéos sans coupure : pour des transitions fluides.
• Gestion des styles visuels : du réalisme à l’animation en passant par le cinéma noir.

Malgré ces avancées, Sora n’est pas exempt de défauts. L’IA peine encore à gérer certaines contraintes physiques, comme la cohérence des mouvements ou la permanence des objets. Des vidéos peuvent ainsi présenter des artefacts étranges ou des animations imparfaites.

On a testé Sora : voici ce qu’on en pense

Nous avons nous-même testé l’outil avec le prompt suivant : « A realistic video of a black-and-white cat giving a shower to a little mouse in a lovely wooden house. ». On aurait pu le formuler en français, mais comme l’outil en est encore à ses débuts, on s’est dit que le résultat serait meilleur en anglais (sans certitude).

Quoi qu’il en soit, la génération est très rapide, à peine une dizaine de secondes pour obtenir deux vidéos, avec la possibilité de choisir celle qui convient le mieux. Le problème, c’est qu’il a fallu relancer le prompt une bonne dizaine de fois avant d’obtenir un résultat correct.

En effet, les vidéos générées comportaient souvent des erreurs : une souris avec deux queues, un chat avec une langue disproportionnée ou encore une eau de douche qui ne coulait pas correctement sur l’animal. Bref, voici le meilleur résultat que l’on a réussi à obtenir (la souris n’est toujours pas sous la douche, mais c’est plutôt sympa et mignon).

Par ailleurs, la plateforme offre la possibilité de parcourir les vidéos générées par d’autres utilisateurs et même de les liker. Et il faut dire que la créativité des utilisateurs est vraiment débordante d’imagination ! 😁

Qui peut utiliser Sora ?

L’accès à Sora n’est pas gratuit. OpenAI le réserve pour l’instant aux abonnés de ChatGPT Plus et ChatGPT Pro :

• ChatGPT Plus (22,99€/mois) : 50 vidéos par mois en 720p, limitées à 10 secondes.
• ChatGPT Pro (200$/mois) : 500 vidéos par mois en 1080p, jusqu’à 20 secondes et sans filigrane.

Une concurrence de plus en plus féroce

Si OpenAI est en avance sur la génération vidéo, la concurrence s’organise. Parmi les alternatives notables :

• Veo 2 de Google : encore en développement, mais prometteur avec une meilleure gestion des séquences longues.
• Runway : déjà utilisé par des professionnels, offrant plus de contrôle sur les vidéos générées.
• Adobe Firefly : intégré aux outils de création d’Adobe, avec un accent sur la productivité et la compatibilité.

Sora, lui, se distingue par sa facilité d’utilisation et la rapidité de génération, mais ses limitations en termes de réalisme et de durée de vidéo restent des points faibles face à ces concurrents.

Des implications majeures pour la création vidéo

L’arrivée de Sora en Europe soulève aussi des questions éthiques et légales. Les artistes et créateurs s’inquiètent de l’exploitation des données ayant servi à entraîner l’IA, et du risque de voir des vidéos générées remplacer des contenus produits par des professionnels.

Pour répondre à ces préoccupations, OpenAI a intégré des métadonnées C2PA pour signer les vidéos et ajouté un filigrane discret afin de distinguer les créations IA des vidéos classiques. Mais cela suffira-t-il à apaiser les inquiétudes ? Pas sûr…

Et la suite ?

Si Sora est pour l’instant réservé aux abonnés payants, OpenAI pourrait, à terme, proposer des offres plus accessibles, comme ce fut le cas pour ChatGPT. La technologie étant encore en phase d’amélioration, de futures mises à jour devraient affiner la qualité des vidéos et élargir les possibilités d’édition.

L’arrivée de Sora en Europe ouvre donc la porte à de nouvelles opportunités créatives, mais soulève aussi des questions éthiques et légales, notamment sur l’utilisation des contenus pour l’entraînement de l’IA. OpenAI devra répondre à ces enjeux pour s’imposer durablement sur ce marché ultra-compétitif.

En attendant, êtes-vous tenté par l’expérience Sora ? Pensez-vous que ces outils sont une avancée ou un risque pour la créativité ?

Source : OpenAI