Quand on parle d’alternative gratuite et open source à Windows, on pense souvent aux distributions Linux. Pourtant, il existe un projet un peu à part, bien moins connu, mais qui mérite qu’on s’y intéresse : ReactOS.
Conçu pour être compatible avec les applications et pilotes Windows, ReactOS n’est pas un système d’exploitation basé sur Linux, mais sur une réécriture complète du noyau Windows NT. L’objectif pour les devs est de recréer un système capable de faire fonctionner vos logiciels Windows favoris, le tout sans passer par Microsoft.
Le projet existe depuis de nombreuses années et reste encore aujourd’hui en version alpha. Mais malgré son développement lent, ReactOS intrigue. Par curiosité, nous avons décidé de le tester dans une machine virtuelle (VM), et on peut vous dire qu’on a fait un sacré bond dans le passé…
Dans cet article, on vous explique tout ce qu’il faut savoir sur ReactOS : son fonctionnement, ses forces, ses limites et surtout notre ressenti après l’avoir pris en main.
Qu’est-ce que ReactOS ?
ReactOS est un système d’exploitation open source et gratuit qui vise un objectif très ambitieux : être compatible avec Windows au point de pouvoir faire tourner ses logiciels et ses pilotes… sans Windows.
Le projet a vu le jour à la fin des années 90 (1996 pour être précis) et s’appuie sur une idée simple : recréer le fonctionnement des versions NT de Windows (comme Windows 2000 ou XP) en partant de zéro. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ReactOS n’est pas basé sur Linux. Il s’agit d’un système indépendant, avec son propre noyau, pensé pour fonctionner comme Windows.
L’une des particularités de ReactOS, c’est qu’il collabore avec le projet Wine, bien connu des utilisateurs de Linux pour faire tourner des applications Windows. Les deux projets partagent notamment des éléments de la couche utilisateur (les fameuses DLL). Mais là où Wine reste une surcouche qui traduit les appels Windows vers Linux, ReactOS vise à faire tourner les applications nativement, comme le ferait Windows lui-même.
Actuellement, ReactOS se concentre sur la compatibilité avec Windows Server 2003, mais le projet garde toujours un œil sur les versions plus récentes de Windows. À terme, l’objectif est de proposer une alternative viable, capable de faire tourner la majorité des logiciels et des pilotes Windows.
Le tout, bien entendu, en open source et sans aucune ligne de code provenant de Microsoft. Tous les développements se font en « clean room », c’est-à-dire en respectant des méthodes strictes pour éviter toute violation de propriété intellectuelle.

Interface et prise en main
Une fois l’installation terminée, on se retrouve directement sur le bureau de ReactOS. Et là, pour tous ceux qui ont connu les versions de Windows des années 2000, la sensation de déjà-vu est immédiate. L’interface ressemble fortement à Windows 2000 ou XP, avec ses icônes classiques et son fameux menu Démarrer à l’ancienne.
On retrouve les incontournables : Poste de travail, Mes documents, la Corbeille, ou encore l’Invite de commandes. Même l’explorateur de fichiers reprend l’arborescence qu’on connaissait bien à l’époque. Bref, les repères sont là, et la prise en main se fait sans le moindre effort.

La bonne surprise vient aussi du poids du système. Une fois installé, ReactOS n’occupe que 3,47 Go d’espace disque. À l’heure où les OS modernes dépassent allègrement les 20 Go, ça fait plaisir de voir un système aussi léger.

Côté applications, ReactOS embarque déjà quelques outils bien connus : Bloc-Notes, Paint, WordPad, la Calculatrice, un lecteur multimédia, ou encore les jeux mythiques comme le Solitaire ou le Démineur. On a même accès à des utilitaires plus avancés comme l’Éditeur du Registre ou la connexion Bureau à distance.

Bref, si vous avez déjà utilisé Windows, vous ne serez pas dépaysé. ReactOS reprend tous les codes visuels et ergonomiques de l’époque, ce qui le rend très simple à prendre en main, même pour les moins technophiles.
Compatibilité logicielle et matérielle
La promesse de ReactOS, c’est de faire tourner des logiciels et des pilotes Windows. Mais dans la pratique, ça donne quoi ?
Globalement, ReactOS est capable d’exécuter un certain nombre d’applications Windows, en particulier les plus anciennes. Lors de notre test, on a rapidement lancé le « Applications Manager », une sorte de gestionnaire d’applications intégré qui rappelle un peu les dépôts sous Linux. Et franchement, ça fonctionne plutôt bien.
Dans ce gestionnaire, les applications sont classées par catégorie (Audio, Vidéo, Graphisme, Jeux, Internet, Bureautique, etc.) et on retrouve des logiciels bien connus comme :
- 7-Zip
- Audacity
- GIMP
- LibreOffice
- CPU-Z
- Notepad++
- SumatraPDF
- Winamp et bien d’autres…
L’installation se fait en quelques clics et la plupart des programmes disponibles fonctionnent correctement. C’est plutôt pratique et ça évite de galérer à télécharger les exécutables soi-même.

Mais tout n’est pas aussi simple…
Dès qu’on essaie de sortir de cette sélection et d’installer des applications plus modernes ou récentes, les choses se compliquent. Certaines refuseront de s’installer, d’autres afficheront des erreurs liées à la version du système ou aux API manquantes. Clairement, ReactOS accuse le coup dès qu’on s’éloigne des vieux classiques.
Même constat côté navigateur web : le navigateur par défaut est tellement dépassé qu’il peine à afficher la majorité des sites modernes. Quant à installer un navigateur plus récent, c’est mission quasi-impossible. La plupart refusent de s’installer ou vous renvoient directement vers des versions obsolètes, inutilisables sur le web d’aujourd’hui.
Et pour les pilotes ?
En théorie, ReactOS est compatible avec certains pilotes Windows, mais dans la pratique, c’est encore très limité, surtout sur du matériel moderne. C’est aussi pour ça qu’on recommande clairement d’installer ReactOS dans une machine virtuelle. Ça évite bien des galères et ça permet de se concentrer sur l’essentiel : tester l’OS.
Installation et configuration de ReactOS
L’installation de ReactOS commence de manière classique : on télécharge l’image ISO depuis le site officiel, on crée une machine virtuelle et c’est parti. D’ailleurs, première surprise : l’ISO ne pèse que 146 Mo. Quand on sait que l’ISO de Windows 11 dépasse les 5 Go, ça fait sourire.
Dès le démarrage de la VM, on se retrouve face à une interface d’installation digne d’un Windows 2000. Écran bleu, navigation au clavier uniquement… un vrai petit voyage dans le passé. On sélectionne la langue (le français est bien disponible), puis on passe aux différentes étapes classiques :
- Création et formatage de la partition
- Installation du chargeur de démarrage
- Copie des fichiers système
ReactOS prend soin de rappeler qu’il s’agit d’une version alpha, destinée uniquement aux tests et à l’évaluation. Et honnêtement, à ce stade, on se dit qu’on a bien fait de l’installer dans une VM.











Deuxième phase : l’assistant d’installation
Une fois la première partie terminée, la machine redémarre et on arrive sur un assistant graphique bien plus moderne. Cette fois, la souris fonctionne et on enchaîne les étapes :
- Choix entre « Serveur ReactOS (par défaut) » ou « Station de travail »
- Configuration des régions et langues
- Saisie du nom complet et du nom de l’ordinateur
- Définition d’un mot de passe administrateur (facultatif)
- Réglage de la date et de l’heure
Petite surprise sympa : on peut même choisir un thème visuel, à la sauce Windows 98 ou 2000. C’est purement cosmétique, mais ça renforce l’ambiance vintage du système.
Enfin, l’assistant propose une configuration réseau simplifiée et la possibilité de rejoindre un groupe de travail ou un domaine.
Une fois tout ça bouclé, la machine redémarre une dernière fois et on se retrouve sur le bureau de ReactOS.










Verdict sur l’installation :
Franchement, rien de compliqué. L’installation est rapide, légère, et si vous avez déjà installé un vieux Windows, vous ne serez pas perdu. Seul conseil : privilégiez vraiment une machine virtuelle, histoire d’éviter les soucis matériels ou les mauvaises surprises.
Les forces de ReactOS
Même si ReactOS est encore en version alpha, le système a quelques arguments qui méritent qu’on s’y intéresse, surtout si vous aimez bidouiller ou que vous êtes curieux de voir à quoi pouvait ressembler Windows il y a vingt ans.
Une légèreté impressionnante
Première force de ReactOS : sa légèreté. Entre la taille de l’ISO (146 Mo) et l’espace disque occupé après installation (environ 3,47 Go), difficile de faire plus léger aujourd’hui. Ce système est taillé pour tourner sur de très vieilles machines ou dans une VM sans accaparer vos ressources.
Une interface familière
L’interface, inspirée de Windows 2000/XP, permet à n’importe quel utilisateur de s’y retrouver en quelques secondes. Le menu Démarrer, l’Explorateur de fichiers, le Panneau de configuration… Tout est là, avec ce petit parfum de nostalgie qui plaira aux plus anciens.
Pas de télémétrie, pas de collecte de données
Contrairement aux versions récentes de Windows, ReactOS a un gros avantage : aucune télémétrie. Pas de collecte de données, pas d’outils de suivi en arrière-plan. Le système est open source et la transparence est totale.
Un gestionnaire d’applications intégré
Autre point appréciable : l’Applications Manager. À l’image des dépôts sous Linux, il permet d’installer facilement des logiciels compatibles avec ReactOS, comme 7-Zip, Audacity, LibreOffice, CPU-Z ou encore GIMP. Un vrai plus pour tester l’OS rapidement sans perdre de temps à chercher des fichiers .exe.
Un projet open source unique
Enfin, ReactOS reste un projet à part dans l’univers open source. C’est aujourd’hui la seule tentative sérieuse de recréer un clone de Windows NT libre, capable de faire tourner des applications et des pilotes Windows sans passer par Microsoft.
Les limites et inconvénients
Si ReactOS a de quoi intriguer, il faut aussi être lucide : le système est encore loin de pouvoir remplacer un Windows classique, que ce soit pour un usage personnel ou professionnel. Voici les principales limites qu’on a constatées lors de nos tests.
Un projet toujours en version alpha
Depuis près de 30 ans, ReactOS reste officiellement en version alpha. Et ça se sent. Le système n’est pas encore assez stable pour un usage quotidien. Même lors d’une utilisation basique, on croise quelques bugs et plantages ici et là, ce qui peut vite devenir frustrant.
Une compatibilité très limitée avec les logiciels récents
C’est sans doute le plus gros frein à l’utilisation de ReactOS : la compatibilité logicielle. Si certaines applications classiques fonctionnent via le gestionnaire intégré, dès qu’on tente d’installer des programmes plus récents ou plus complexes, les erreurs s’enchaînent :
- Incompatibilité du système d’exploitation
- Composants manquants
- Plantages au lancement
Les logiciels conçus pour Windows 10 ou 11 n’ont quasiment aucune chance de fonctionner.
Naviguer sur Internet ? Mission quasi-impossible
La navigation web sous ReactOS est… compliquée. Le navigateur intégré est complètement dépassé et n’affiche pas correctement la majorité des sites modernes. Installer un navigateur récent ? Oubliez, la plupart refusent de se lancer ou demandent des versions de Windows plus récentes. Résultat : à part consulter Wikipédia, mieux vaut éviter de vouloir naviguer sur Internet avec ReactOS.
Une compatibilité matérielle compliquée
Même si ReactOS annonce un certain support des pilotes Windows, en pratique, ça reste très limité. Impossible de l’installer sur du matériel récent sans tomber sur des problèmes de drivers. D’où notre recommandation d’utiliser une machine virtuelle pour éviter les galères.
Un développement lent
Enfin, il faut le dire : malgré la passion des développeurs, le projet avance lentement, très lentement… Le manque de moyens et de contributeurs freine sans doute l’évolution du système et la compatibilité avec les versions modernes de Windows reste un objectif lointain.
Exemples d’usages concrets
Avec toutes ses limites, on pourrait se demander à quoi peut bien servir ReactOS aujourd’hui. Et pourtant, le système a quelques cas d’usage intéressants, surtout si vous aimez bidouiller ou faire un petit voyage nostalgique dans l’informatique d’antan.
Tester de vieux logiciels Windows
ReactOS peut être une bonne solution pour relancer de vieux logiciels ou utilitaires Windows qui ne tournent plus sous Windows 10 ou 11. On pense par exemple à certains logiciels métiers abandonnés ou à d’anciens jeux compatibles avec Windows XP ou 2000.
Redonner vie à une vieille machine
Grâce à sa légèreté, ReactOS peut faire tourner un PC vieux de 20 ans sans problème. Évidemment, ça ne deviendra pas une machine de guerre, mais pour bidouiller ou s’amuser, ça peut valoir le coup.
Découvrir un Windows sans Microsoft
Enfin, ReactOS s’adresse aussi à ceux qui veulent découvrir une alternative à Windows, sans la télémétrie ni les contraintes imposées par Microsoft. Un bon moyen de comprendre comment fonctionne l’architecture NT sans jamais installer Windows.
Le futur de ReactOS
Malgré un développement lent, le projet ReactOS continue d’avancer grâce à une poignée de développeurs passionnés et une communauté toujours active. La version testée lors de notre essai portait d’ailleurs la mention 0.4.15, ce qui en dit long sur l’état encore précoce du projet.
La compatibilité reste la priorité
L’un des principaux objectifs des prochaines versions reste d’améliorer la compatibilité avec les logiciels et pilotes Windows. Pour le moment, le cœur du système vise surtout la compatibilité avec Windows Server 2003, mais l’équipe garde en ligne de mire les versions plus récentes comme Vista ou Windows 7.
À terme, l’idée serait de pouvoir faire tourner un maximum d’applications Windows, même récentes, tout en conservant la légèreté et la philosophie open source du projet.
La coopération avec Wine continue
La collaboration avec le projet Wine se poursuit également. Les deux équipes partagent des briques logicielles, notamment au niveau des DLL et des API utilisateur. Cela permet à ReactOS de profiter des avancées de Wine sur la compatibilité avec les applications Windows.
Un besoin de contributeurs
Évidemment, pour aller plus vite, ReactOS aurait besoin de davantage de développeurs. La communauté est ouverte, et tout le monde peut contribuer, que ce soit en :
- Proposant du code
- Testant le système
- Signalant des bugs
- Ou en faisant un don pour soutenir le projet
Un projet qui prend son temps, mais qui reste unique
Même si ReactOS ne remplacera pas Windows de sitôt, le projet a le mérite d’exister et de proposer une alternative intéressante. Son évolution est lente, mais les bases sont là, et chaque nouvelle version apporte son lot d’améliorations.
Où télécharger et tester ReactOS ?
Si vous avez envie de tester ReactOS par curiosité ou pour voir jusqu’où le projet en est aujourd’hui, tout se passe sur le site officiel :
Vous y trouverez :
- La dernière version stable disponible
- Des versions de test (nightly builds) pour suivre les évolutions en temps réel
- Toute la documentation nécessaire
Le téléchargement se fait sous forme d’un fichier ZIP contenant l’image ISO, ce qui permet de la monter facilement dans une machine virtuelle comme VirtualBox ou VMware. C’est d’ailleurs ce qu’on recommande, car l’installer directement sur un PC peut vite devenir compliqué à cause des problèmes de compatibilité matérielle.
Nos conseils pour tester ReactOS dans de bonnes conditions :
- Utilisez VirtualBox ou VMware
- Allouez 2 Go de RAM (largement suffisant)
- Préparez un disque virtuel de 10 Go minimum
Le site propose aussi des ressources utiles :
- Des tutoriels
- La FAQ du projet
- Un accès au forum officiel
- Et même un espace pour contribuer ou faire un don
Conclusion
ReactOS est un projet unique en son genre, porté par des passionnés qui tentent de recréer un clone open source de Windows. Si le pari est ambitieux, le système reste aujourd’hui une curiosité technologique, loin d’être prêt à remplacer Windows dans un usage quotidien.
Son interface familière, sa légèreté et son gestionnaire d’applications intégré en font un terrain de jeu intéressant pour les bidouilleurs ou les nostalgiques de Windows 2000/XP. Mais ses nombreuses limitations, notamment en matière de compatibilité logicielle et matérielle, rappellent qu’il s’agit avant tout d’un projet en cours de développement.
Pour l’instant, ReactOS s’adresse surtout aux curieux, aux développeurs ou à ceux qui aiment explorer des projets open source un peu hors normes. Mais qui sait… Avec le temps et le soutien de nouveaux contributeurs, ReactOS pourrait bien continuer à évoluer et devenir une alternative viable à Windows sur certaines machines.
En attendant, si vous avez envie de découvrir ce système pas comme les autres, on ne peut que vous conseiller de l’essayer en machine virtuelle. Rien que pour le plaisir de retrouver cette ambiance rétro, ça vaut le détour 😉.
Moi je l’avais testé mais il y a longtemps… Ça a un peu changé on dirait, à voir…
Wow ! Difficile de faire plus complet ^^ merci beaucoup pour cette review, c’est fort intéressant comme projet, je ne connaissais pas du tout. Ça me donne envie de le tester dans une VM. On verra si j’ai le temps cette semaine 😉 Allez bon courage je retourne bosser.
Hello Guillaume,
Oui ça m’a pris du temps, j’ai bidouillé pas mal de choses, testé plein de softs, etc 🙂