La chronologie des médias, un cadre juridique qui régule la diffusion des films en France, entre dans une nouvelle ère en 2025. Ce système, qui détermine les délais de diffusion des films après leur exploitation en salle, a subi des ajustements notables, notamment pour les plateformes de streaming. Après des mois de négociations, un accord fondamental vient redéfinir les rapports entre le cinéma, les chaînes de télévision et les services de vidéo à la demande (SVOD), avec des conséquences majeures pour le public et l’industrie.
Une chronologie des médias réajustée : plus rapide, mais avec des engagements financiers
Le principal changement concerne Disney+, qui obtient désormais le droit de diffuser ses films seulement neuf mois après leur sortie en salle, contre 17 mois précédemment. Cette évolution représente un grand pas en avant pour la plateforme, qui devient l’un des acteurs majeurs à pouvoir proposer des blockbusters beaucoup plus rapidement.
En contrepartie, Disney+ s’engage à investir 25 % de son chiffre d’affaires net annuel généré en France pour soutenir la création cinématographique et audiovisuelle française et européenne. Ce financement se traduira par la production d’au moins 70 films sur une période de trois ans, avec un focus particulier sur la diversité des genres et des budgets.
La nouvelle chronologie des médias en 2025
Voici un tableau récapitulatif de la nouvelle chronologie des médias en 2025 :
| Support de diffusion | Nouvelle fenêtre de diffusion (2025) | Ancienne fenêtre de diffusion (2022) |
|---|---|---|
| Vente et location (DVD, Blu-ray et VoD) | 4 mois | 4 mois |
| Canal+ et OCS | 6 mois | 8 mois |
| Disney+ | 9 mois | 17 mois |
| Netflix | 15 mois | 36 mois |
| Amazon Prime, Max, Apple TV+, Paramount+ | 17 mois | 36 mois |
| Chaînes gratuites (TF1, France Télévisions, M6…) | 22 mois | 30 mois |
| Plateformes de VOD gratuites (Pluto TV…) | 36 mois | 44 mois |
L’impact sur les autres géants du streaming
Cet assouplissement pour Disney+ pourrait inciter d’autres plateformes de streaming à renégocier leurs propres fenêtres de diffusion. Netflix et Prime Video, actuellement contraints d’attendre respectivement 15 mois et 17 mois après la sortie en salle pour diffuser leurs films, pourraient chercher à obtenir des conditions similaires, notamment si elles augmentent leurs contributions financières au cinéma français.
Toutefois, la place de Canal+, le plus grand financeur du cinéma français, est désormais menacée par cette nouvelle configuration. Canal+, qui bénéficie jusqu’ici de la fenêtre la plus courte (6 mois), pourrait voir ses investissements dans le cinéma diminuer si les autres acteurs du secteur, comme Disney+, modifient leur modèle économique.
Le dilemme de Canal+ : réduire ses investissements ou perdre son avantage
Le groupe Canal+ a exprimé ses préoccupations face à cette évolution. Son président, Maxime Saada, a clairement indiqué que les investissements du groupe dans le cinéma français pourraient être réduits à cause des nouvelles conditions favorables à Disney+.
Canal+, qui investit actuellement 220 millions d’euros par an dans le cinéma français, pourrait revoir sa stratégie si Disney+ parvient à diffuser ses films à un délai plus court tout en contribuant à hauteur de 38 millions d’euros par an pour soutenir le financement du cinéma. Une situation délicate pour Canal+, dont les obligations financières sont bien plus élevées que celles des plateformes de streaming américaines.
Un compromis pour l’avenir : la fin des délais interminables
Ce réajustement dans la chronologie des médias témoigne d’un changement profond dans les habitudes de consommation des films et de l’audiovisuel. Les plateformes de SVoD, qui ont longtemps été limitées par des délais de diffusion très longs, peuvent désormais proposer des films beaucoup plus rapidement après leur sortie en salle, ce qui correspond davantage aux attentes des spectateurs habitués à la culture du « tout, tout de suite ». Cette évolution pourrait, en théorie, aider à contrer la montée du piratage, qui prospérait sur la lenteur des fenêtres de diffusion légales.
Quid des chaînes de télévision gratuites ?
Les chaînes de télévision gratuites, telles que TF1, France 2 ou M6, n’ont pas été épargnées par ces réajustements. Si elles continueront à bénéficier de fenêtres de diffusion plus longues (22 mois après la sortie en salle), la concurrence avec les plateformes de streaming s’intensifiera. Les téléspectateurs auront de plus en plus tendance à privilégier les services de streaming, qui leur offrent un accès plus rapide aux films récents, au détriment des chaînes traditionnelles.
