En une période de temps très courte, les VPN ont radicalement changé de statut. Ils sont passés de dispositifs informatiques sophistiqués à des programmes aussi simples à utiliser qu’un antivirus. Cette transformation s’explique par l’intérêt croissant des internautes pour l’anonymat en ligne. Conscientes de cette tendance, des dizaines de sociétés commerciales ont développé des VPN faciles d’accès pour le grand public. Mais au final, est-ce que c’est si utile que ça un VPN ?
De nos jours, la promotion des VPN est omniprésente, que ce soit sur YouTube où les vidéastes en vantent les mérites, ou à travers les publicités télévisées et les nombreuses sélections des « meilleurs VPN » disponibles sur Internet. Il y a 3 ou 4 ans, cette situation était impensable. Aujourd’hui, le marché foisonne de services comme NordVPN, ExpressVPN, Surfshark, CyberGhost, pour n’en nommer que quelques-uns. Ces services sont payants, principalement parce que la fourniture de bande passante a un coût. De plus, l’utilisation d’un VPN gratuit comporte des risques, notamment celui de voir ses données personnelles vendues par des fournisseurs peu scrupuleux.
Cependant, opter pour un VPN payant n’élimine pas totalement ces risques. Même si cela paraît peu probable, étant donné que la réputation d’un service peut être en jeu, la prudence reste de mise. Dans ce contexte, pourquoi ne pas envisager de créer son propre VPN à domicile ? Cela pourrait être une solution gratuite et potentiellement plus sûre pour ceux qui doutent de la fiabilité des services payants.
Un VPN gratuit à la maison ?
Il suffit d’un peu de matériel et d’un logiciel gratuit comme OpenVPN pour se faire un VPN à la maison : c’est peu connu, cela demande un peu de temps, un peu d’investissement (un NAS ou un Raspberry Pi), mais c’est tout à fait possible. Vous avez également la possibilité de louer un serveur VPS chez OVH par exemple et créer votre propre serveur VPN. Or, la plupart des utilisateurs ne veulent pas s’embêter avec la partie technique et puis il y a d’autres avantages à opter pour ces VPN commerciaux comme le contournement des géolocalisations, mais nous y viendrons plus tard…
Alors pourquoi tout à coup les VPN ont le vent en poupe ? Certes le marketing agressif de ces sociétés est assez ingénieux, mais c’est sans compter la défiance des internautes vis-à-vis des GAFAM et de la surveillance en général. Ce que les sociétés de VPN se gardent bien de vous dire c’est que, certes, votre trafic est chiffré et « tunnelisé » de sorte qu’il est très difficile à intercepter, mais que si vous utilisez Gmail, les robots de Google peuvent toujours lire vos e-mails. Idem pour vos achats Amazon si vous vous connectez à votre compte. Pour les VPN Android ou iOS, l’argument du « point d’accès WiFi vérolé » qui va voler vos données est aussi un peu biaisé : qui se connecte en 2024 à un point d’accès Wi-Fi inconnu ? Avec leur enveloppe de 60, 100 ou 200 Go de data 4G/5G, les utilisateurs ne se prennent plus la tête.
Personne n’est anonyme sur Internet
Idem pour l’argument des sites « non sécurisés » : généralement votre navigateur vous met directement en garde et quel site n’est pas « https » de nos jours ? Reste l’argument de l’anonymat. Celui-ci se tient. Si votre VPN est sérieux et ne balance pas tout ce qu’il sait sur vous au premier coup de pression de la police, vous êtes plus anonyme sur Internet avec un VPN que sans. Mais sur la Toile, personne n’est vraiment anonyme et si la police ou les services secrets en ont après quelqu’un (terrorisme, pédocriminalité), un VPN ne fera que retarder l’inévitable. Si c’est pour télécharger l’intégrale de « Breaking Bad », ça ira par contre.
Pas uniquement pour votre sécurité…
Car le but d’un VPN est aussi de pouvoir changer d’IP comme de chemise. Autre argument des VPN : le nombre de pays et de serveurs disponibles. C’est très bien de pouvoir compter sur des serveurs rapides et disponibles, mais avez vous vraiment besoin d’un serveur au Sri Lanka ou en Bolivie ? Le but est ici de contourner les géorestrictions de sites et d’accéder à des chaînes de TV étrangères depuis la France. Une personne d’origine italienne ou un français qui apprend la langue pourra ainsi accéder au site de la RAI pour voir les programmes. C’est aussi le cas avec la BBC, ESPN, HBO, Comedy Central, Globo TV, etc. Il peut aussi y avoir des programmes payants en France, mais gratuits dans certains pays.
Vous aimez la F1 ou le MotoGP, mais vous n’avez pas Canal + ? La chaîne belge RTBF retransmet les courses en direct sur son site. Il vous faut juste une IP belge. Légal, pas légal ? Personne ne sait vraiment : Canal+ peut se sentir lésé, mais utiliser une IP étrangère n’est pas illégal et la chaîne cryptée n’est pas « piratée ».
Ce petit jeu du changement d’IP permet aussi d’accéder aux catalogues américains de Netflix, Disney+ ou d’Amazon Prime réputés plus riches en contenus. Pour un français en vacances ou en déplacement à l’étranger et qui voudrait regarder RMC Sport, beIN Sports et Canal+, l’emprunt d’une IP française est à l’inverse tout aussi envisageable. Il n’est en effet pas possible de regarder ces chaînes depuis l’étranger.
Conclusion : alors, VPN ou pas ?
Si l’anonymat ou la recherche de plus d’anonymat est important pour vous, un VPN est un type de service qui vaut le détour, mais il faut garder en tête que d’autres facteurs peuvent être handicapant : avez-vous remplacé Gmail par Protonmail ou Tutanota, supprimé Facebook, X (Twitter) ou WhatsApp ? C’est par là qu’il faut commencer en fait, mais le VPN est la cerise sur le gâteau dans ce cas.
Si vous êtes un peu curieux et que vous aimez mettre les mains dans le cambouis, il est possible de se faire un VPN « à la maison », mais sans avoir le choix de votre IP. On peut aussi envisager la location d’un VPS, un serveur dédié virtuel. Si vous voyagez ou que vous êtes expatrié, avoir le loisir de voir la finale de la Coupe du Japon ou votre telenovelas argentine préférée est un argument qui s’entend.