Entre les boîtes de réception surchargées, les newsletters qu’on n’a jamais demandées et les services mail qui pompent nos données, gérer ses e-mails n’a rien d’une partie de plaisir. Si vous avez déjà rêvé d’un client mail plus respectueux, plus moderne et surtout plus intelligent, alors Zero pourrait bien piquer votre curiosité.
Ce projet open source encore jeune se présente comme une alternative à Gmail, capable de se connecter à vos comptes existants (Google, Outlook…), tout en vous laissant le choix d’héberger l’application vous-même. Le tout avec une interface propre, une couche d’IA intégrée et une vraie promesse de confidentialité. On l’a testé et on vous explique comment ça marche, ce que ça propose déjà… et ce qu’on attend encore.
Qu’est-ce que Zero ?

Zero, c’est un client mail open source, pensé dès le départ pour intégrer de l’intelligence artificielle. Son objectif est simple : repenser notre rapport aux e-mails, en combinant la puissance de l’IA avec une interface moderne et une vraie maîtrise des données personnelles.
Le projet est encore en phase de développement, mais il est déjà possible de l’installer en local, de le connecter à Gmail et de gérer ses e-mails via une interface web propre et efficace. Et surtout, tout le code est disponible publiquement sur GitHub, ce qui permet à n’importe qui de le tester, l’adapter ou l’auto-héberger.
Zero ne cherche pas à réinventer le mail, mais plutôt à le simplifier, le rendre plus agréable à utiliser et à réduire le temps qu’on y passe. Comment ? En proposant une boîte de réception unifiée, des filtres intelligents et une IA capable – entre autres – de rédiger des messages à votre place. Le tout sans pomper vos données ni les revendre à qui que ce soit.

Ce que propose Zero
Une interface moderne, claire et personnalisable
Dès les premiers clics, Zero affiche une interface sobre et bien pensée. On retrouve tous les éléments classiques d’un client mail : navigation à gauche, liste des messages au centre et aperçu à droite. Le tout est fluide, lisible et déjà en grande partie traduit en français. Il est même possible de choisir entre un thème clair, sombre ou calqué sur celui du système, ce qui est plutôt appréciable.

Une boîte de réception unifiée (et triée intelligemment)
Zero permet de connecter plusieurs comptes Gmail, avec une authentification sécurisée via OAuth 2.0. Une fois les comptes ajoutés, tous vos mails sont regroupés dans une boîte de réception unifiée, avec la possibilité de filtrer par catégories comme « Important », « Personnel », « Promotions » ou « Non lu ». Une gestion qui rappelle celle de Gmail, mais dans un environnement open source et respectueux de vos données. La prise en charge d’autres services de messagerie comme Outlook est prévue, ce qui devrait encore élargir les possibilités dans un avenir proche.

Une IA pour vous aider à rédiger vos messages
L’un des points les plus prometteurs du projet, c’est l’intégration de l’intelligence artificielle. Dans l’interface de rédaction, un champ permet déjà de demander à l’IA de générer un e-mail automatiquement. Il est même possible d’ajouter une requête IA personnalisée dans les paramètres, afin d’adapter le ton ou le style utilisé par défaut.

Petit détail à connaître : si vous écrivez votre instruction en français, l’IA peut tout de même rédiger l’e-mail en anglais par défaut. Il suffit d’ajouter une précision comme « rédige-moi un e-mail en français » pour obtenir le bon résultat. Rien de bien méchant et ce comportement devrait évoluer à mesure que le projet s’améliore.

Une gestion de la vie privée claire et respectueuse
Zero insiste sur un point : vos données vous appartiennent. Les e-mails ne sont pas stockés sur des serveurs tiers, aucune analyse n’est faite pour la pub et les connexions aux services comme Gmail passent par OAuth 2.0, sans stocker vos identifiants. Vous avez aussi la possibilité d’activer l’authentification à deux facteurs, d’être notifié en cas de connexion ou de supprimer entièrement votre compte et toutes les données associées.

Une solution auto-hébergeable pour les plus techniques
Pour ceux qui aiment garder le contrôle, Zero peut être installé en local ou sur un serveur personnel. Tout est prévu pour : une stack moderne (Next.js, Node.js, PostgreSQL…), une configuration via Docker, et une documentation plutôt bien fichue. Ce n’est pas forcément plug-and-play pour tout le monde, mais pour les développeurs, c’est un bon terrain de jeu.
Pour qui ? Pourquoi ?
Zero n’a pas vocation à remplacer Gmail du jour au lendemain pour tout le monde, mais il s’adresse clairement à un certain profil d’utilisateurs.
D’abord, ceux qui veulent reprendre le contrôle sur leurs données. Ici, pas de publicité, pas d’analyse automatisée du contenu de vos mails, pas de tracking. Tout est transparent et hébergeable en local. Si vous en avez assez de confier vos communications à des services opaques, Zero peut clairement valoir le détour.
Ensuite, les utilisateurs qui aiment bidouiller ou gérer leurs propres services. L’auto-hébergement de Zero demande quelques notions (Docker, variables d’environnement, configuration OAuth), mais rien d’insurmontable pour qui a déjà mis les mains dans le cambouis. Pour ce public-là, c’est un outil puissant et prometteur.
Enfin, les curieux qui aiment tester des projets open source en avance de phase, et qui ont envie de suivre l’évolution d’un outil qui a du potentiel. Même sans auto-hébergement, Zero peut être utilisé localement pour explorer ses fonctionnalités, tester l’intégration avec Gmail, ou découvrir ce que l’IA peut déjà apporter.
Ce qui manque encore
Zero est un projet jeune, et même s’il offre déjà une base solide, plusieurs fonctionnalités sont encore absentes ou en préparation. Certaines sont visibles dans l’interface, d’autres font simplement partie des attentes logiques pour un client mail moderne.
- Un chiffrement de bout en bout. Pour l’instant, les échanges sont sécurisés via les protocoles standards (TLS, OAuth), mais il n’y a pas encore de gestion du chiffrement de contenu type PGP ou similaire.
- La planification des e-mails. Impossible pour le moment d’envoyer un message plus tard ou à une heure précise. Une fonction pourtant bien pratique, qu’on espère voir arriver.
- Des e-mails éphémères. On aurait aimé une option pour envoyer des messages qui s’autodétruisent après lecture ou au bout d’un certain délai, comme le proposent certains services axés sur la confidentialité.
- La gestion des signatures. L’option existe dans les paramètres, mais elle est encore grisée. Tout laisse à penser que ça arrivera bientôt.
- Les raccourcis clavier personnalisés. Là aussi, l’option est présente, mais pas encore activée. Les amateurs de productivité devront attendre un peu.
- Un antivirus/anti-malware intégré. Ce n’est pas indispensable, mais vu l’ambition de Zero de moderniser l’e-mail, une protection contre les pièces jointes malveillantes pourrait être un vrai plus.
- Des applications natives. Pour l’instant, Zero fonctionne uniquement en web app. Il n’y a pas encore de client de bureau (Windows, macOS, Linux) ni d’application mobile (Android ou iOS). Des versions mobiles seraient particulièrement bienvenues pour espérer toucher un public plus large.
- Une extension de navigateur. Ce n’est pas indispensable, mais une extension pourrait permettre d’envoyer rapidement un mail ou de recevoir des notifications sans garder un onglet ouvert en permanence.
- Un support plus large des services mail. À l’heure actuelle, seul Gmail est pris en charge. Outlook et d’autres fournisseurs sont annoncés, mais pas encore disponibles.
- Une IA plus avancée. L’assistant IA fonctionne déjà, mais reste encore assez basique. Il faudra voir si de futures mises à jour permettent d’ajouter des fonctions comme le tri automatique, la synthèse de conversations ou des suggestions intelligentes.
Conclusion
Zero est encore loin d’être un concurrent direct à Gmail, mais il avance dans la bonne direction. Avec son approche open source, sa gestion locale des données et son intégration de l’IA, le projet coche déjà plusieurs cases que beaucoup attendaient depuis longtemps dans le monde de la messagerie.
Il lui manque encore quelques fonctions pour être vraiment complet — signatures, planification, client mobile, etc. — mais l’essentiel est là : une base solide, un développement actif/ et une vraie vision centrée sur l’utilisateur. Reste à voir si l’équipe tiendra le cap dans les prochains mois. En attendant, c’est un projet qu’on vous recommande de garder à l’œil… ou de tester si vous aimez bidouiller.