Depuis plusieurs mois, on voit fleurir des applications et logiciels basés sur l’IA aux quatre coins du web. Adobe n’a pas raté le coche, et propose dès maintenant de tester la version beta de Firefly, combinant plusieurs fonctionnalités de l’intelligence artificielle générative. Le principe reste le même : aider l’utilisateur dans ses missions de graphisme.
Nous avons justement donné sa chance à cet outil en ligne gratuit. Les spécialistes d’Adobe se montrent-ils à la hauteur de leur réputation ? Que peut-on attendre de cette application web ? Découvrez notre avis… ou en tout cas nos premières impressions sur Adobe Firefly !
Générer des images avec Adobe Firefly… de mille manières différentes !
Commençons par la fonctionnalité « Text to image » d’Adobe Firefly, celle que l’on retrouve également dans les meilleurs générateurs d’images du marché tels que Dall-E ou de Midjourney (parmi bien d’autres).
Au moment de préparer cet article, nous avons demandé : « un champignon jaune dans un verre d’eau ».
Soyons clairs : le résultat se révèle franchement épatant ! Surtout lorsqu’on confie la même mission à ce logiciel de génération d’images… en demandant deux styles différents.
Admirez plutôt ! Là, nous avons la version « art » :
Et voilà son alternative « photo » :
Le premier rendu est sympathique, et prend quelques libertés par rapport au « prompt » (autrement dit les consignes données à l’ordinateur). Le deuxième se veut logiquement plus concret, et on dirait vraiment… qu’une photo a été prise pour l’occasion.
Naturellement, les experts dans le domaine de la photographie (et du design en général) vont repérer quelques anomalies. Pour autant, ce qu’on peut raisonnablement demander à un logiciel basé sur l’IA est délivré ici.
D’autres essais, et des conclusions globalement favorables
Notre tour d’horizon n’est pas terminé !
Soucieux d’adopter une démarche complète, nous n’avons pas limité notre approche au champignon prisonnier. Nous avons demandé à Adobe Firefly, ou plutôt à son IA intégrée, de réaliser quelques autres images.
Voici nos constatations, en commençant par ce qu’il serait intéressant d’améliorer… ou, disons, par ce qui manquera à certaines personnes.
❌ Les points négatifs
- Celles et ceux qui veulent mettre en scène Donald Trump et Emmanuel Macron faisant de la pétanque sur Mars devront utiliser d’autres programmes. Les personnalités (celles qui font l’actualité en tout cas) sont bannies des possibilités.
- Plus le prompt renvoie à des éléments en dehors du vivant, que l’on trouve dans la nature, au sein de l’univers… plus l’illustration est remarquable. Les astres et les minéraux se hissent au sommet du podium en termes de rendu.
Juste en-dessous de ces lignes, vous pouvez voir une comète fendre la nuée galactique. Les couleurs et les nuances se montrent à la hauteur des promesses initiales. Quant à dire si cette production algorithmique est vraiment belle… c’est une question de goût, certes (nous n’étions pas tous d’accord dans l’équipe 😉).
N’oublions pas que nous sommes encore dans la liste des aspects moins convaincants. Nous y venons donc : quand on s’aventure sur le terrain humain/animal, quelques erreurs sont à déplorer. Un exemple ? Bien sûr !
Que pensez-vous de ce cheval ? Cet enclos se situerait-il à proximité d’une centrale nucléaire jadis accidentée ?
- Contrairement à certains « concurrents », ce logiciel comprend mal les instructions si elles ne sont pas rédigées en anglais.
✔️ Les points positifs
- Nous l’avons déjà évoqué avant de faire apparaître l’étrange bête ci-dessus : certaines images générées par l’IA sont vraiment très réussies. Ce bateau voguant vers l’astre lunaire permet largement d’apprécier les performances génératives du logiciel :
Adobe faisait partie des pionniers dans la catégorie des logiciels de graphisme sur ordinateur. Et il semblerait que les équipes n’aient rien perdu de ce qui a forgé leur réputation.
Un souci du détail apparaît clairement, et les couleurs se révèlent suffisamment subtiles. Ce n’est pas toujours le cas quand on formule ce genre de requêtes aux intelligences artificielles.
- On peut rarement reprocher à ces bots d’être lents, et celui-ci ne fait pas exception. Votre toile, votre photographie ou encore votre croquis devraient être générés en quelques secondes. Privilégiez Google Chrome, toutefois.
- Il y a un beau panel de possibilités. Le programme met à votre service plusieurs « types de contenus » : photo, art, graphique (comme si l’illustration faisait partie d’un jeu vidéo, d’un clip d’animation en 3D…) ou sans format particulier (« None »).
En parlant de possibilités, Adobe n’a pas oublié ses premières amours. Les outils de personnalisation s’avèrent particulièrement avancés :
- Ajoutez un côté « kitsch », « nostalgique » ou une touche de simplicité (« simple ») au résultat…
- Modulez la lumière selon vos goûts (éclairage studio, luminosité faible…)…
- Optez pour une « composition » spécifique. Le sujet principal de l’image paraîtra ainsi plus au moins éloigné.
Remplissage génératif : modifiez une image grâce à l’IA
Tout ce que nous avons mis en avant jusqu’ici correspondait plus ou moins à ce que Open AI et d’autres firmes proposent depuis quelques mois.
À notre connaissance, en revanche, le remplissage génératif est une fonction assez rare.
Vous brûlez sans doute d’impatience de savoir ce qui se cache derrière ce terme barbare. En fait, il n’y a rien de plus simple. Retrouvons notre fameux champignon pour un nouveau tour de « magie » graphique.
Oui, l’illusion s’est évanouie. C’est parce que nous sommes en train de transformer l’image générée par l’IA. Dès que nous aurons donné un ordre (via le prompt), un nouvel objet se dévoilera.
Par exemple : « A pruple cheese » (un fromage violet).
Alors, qu’en pensez-vous ? De notre côté, nous saluons la précision de l’intégration. L’aliment violet, même si l’on n’aurait pas trop envie de le voir atterrir dans son assiette, s’insère quasi parfaitement dans l’image.
La modification s’opère organiquement, sans débordements, sans fioritures. Relevons, d’ailleurs, que l’intelligence artificielle a… l’intelligence, précisément, de ne pas chercher à tout recouvrir. La zone est considérée comme une base de départ, disons, à partir de laquelle le fromage violet a pris forme.
On peut envisager des modifications à l’infini en employant cet instrument :
- Modifier les couleurs ou le style du vêtement porté par une personne…
- Mettre en scène des situations diverses, à partir d’un décor similaire…
- Ajouter un élément imaginaire à une vraie photographie…
… car oui, il n’est pas uniquement question de modifier une image générée par la machine. Nous l’avons fait dans le cadre de ce petit guide… mais Adobe Firefly se charge aussi de transformer les fichiers uploadés.
Si quelqu’un rêve d’ajouter un gnou à sa vieille photo de classe, c’est désormais possible ! Magique, non ?
Adobe Firefly : des solutions de retouche ou de création étonnantes
Les deux approches que nous venons de présenter (la génération d’images et le remplissage génératif) devraient déjà faciliter beaucoup de tâches.
Et ce n’est qu’une partie des opportunités offertes par Adobe Firefly.
Parmi les fonctionnalités déjà disponibles ou à venir, il y a…
- Des « effets textuels » (texts effects). Autrement dit, vous « stylisez » des lettres en donnant des ordres à l’IA ; elles se colorent alors selon vos choix. Vos « A » se chargent de plantes tropicales, vos « E » sont remplis de pizzas, etc.
- Une « recoloration générative ». Nous avons déjà eu l’occasion de vous présenter des logiciels équivalents. Adobe reprend l’idée, en y ajoutant sa « patte » : l’usager importe une image, et commande au bot d’en changer les couleurs. Plus la requête est précise, plus la transformation sera fidèle à vos attentes.
- Un dispositif « 3D to image ». Oui, vous avez bien lu. Un modèle en trois dimensions prendra (nous utilisons le futur car cet outil n’est pas encore accessible) forme et profondeur grâce à vos consignes.
- Pour finir, Adobe Firefly sera capable d’étendre les images. En compétant un paysage, en ajoutant une scène à celle qui est déjà représentée, et ainsi de suite…
Adobe Firefly : un véritable écosystème dédié à la génération et à la transformation d’images
Il est toujours délicat de s’extasier devant ce genre de software en ligne. En effet, certains artistes ont déjà fait part de leurs inquiétudes face à ces usines automatisées, délivrant du contenu jusqu’à plus soif.
N’oublions donc pas, avant de formuler notre conclusion concernant Adobe Firefly, que les images générées par l’ordinateur ne sont pas des « œuvres ». Ce sont des productions, pour ne pas dire des produits algorithmiques.
Si on laisse de côté cette question socio-philosophique, et qu’on se concentre sur le nouveau bébé d’Adobe… on peut parler d’un vrai écosystème dédié à la génération de contenu graphique. Il y a de quoi surprendre, réimaginer, revisiter des illustrations, des captures, des décors aussi loin que l’imagination nous porte.
Adobe Firefly n’est pas encore tout à fait abouti (la créature équestre de tout à l’heure nous le rappelle), mais on peut parler d’un immense potentiel. Nous verrons jusqu’où il sera exploité ! Étant donné l’historique de la maison-mère, il n’y a pas matière à s’inquiéter…