ChatGPT, Dall-E, Midjourney… les logiciels et plateformes en ligne intégrant l’intelligence artificielle ont fait coulé beaucoup d’encre virtuelle depuis quelques mois. Objet d’angoisses pour certains, véritable révolution réjouissante pour d’autres, cela n’en reste pas moins un virage technologique crucial, négocié depuis quelques années mais dont on n’a jamais autant mesuré l’ampleur.
Face à l’accélération de cette science, des spécialistes issus de tous les domaines (informatique, médecine, éducation…) prennent la parole via leurs comptes sur les réseaux sociaux ou par médias interposés. Et tous ne peignent pas un tableau très… rassurant de la situation.
C’est le moins qu’on puisse dire quand on lit la récente lettre ouverte d’Elon Musk à ce propos, ou plutôt celle dont il est un des cosignataires. Puisque nous avons souvent présenté des outils en ligne utilisant l’IA sur notre site, nous tenions à aborder ce sujet. Voici ce qu’il nous paraît important de retenir concernant ce cri d’alerte.
Développement des IA : une pause… s’impose ?
Quand les premiers logiciels de traduction ou de rédaction ont vu le jour il y a quelques années, les résultats n’avaient rien de très impressionnant. Erreurs par-ci, bugs par-là… on pouvait s’en servir comme un outil complémentaire à la rigueur, mais les ajustements nécessaires restaient très nombreux.
Avec le machine learning, les cartes sont redistribuées. Les rendus – bien que tout ne soit pas encore au point, et on vous l’a déjà démontré plusieurs fois ici – sont d’une qualité nettement supérieure.
L’ordinateur n’applique plus seulement des modèles : il se montre capable de nuances, de flexibilité… voire de créativité, dans une certaine mesure. Par là-même, la machine pourrait rapidement remplacer l’être humain dans un nombre vertigineux d’activités professionnelles. On pense au design, au journalisme, à la comptabilité…
Et c’est là qu’une réflexion de fond paraît essentielle. Il sera difficile de la mener sans un break, pour reprendre l’expression anglaise.
C’est exactement ce qu’Elon Musk et les autres spécialistes à l’initiative de la fameuse lettre ouverte proposent. Après ChatGPT4, la dernière version du modèle de traitement du langage naturel d’OpenAI, qui fait déjà beaucoup parler d’elle, il conviendrait selon eux de stopper le développement des IA, ne serait-ce que pour six mois. Une marge précieuse afin de délimiter nettement les contours de l’amélioration et de l’utilisation des intelligences artificielles.
ChatGPT et ses équivalents : six mois pour faire de l’ordre
Cette dynamique ne date pas d’hier : une nouveauté se retrouve souvent en roue libre avant d’être rattrapée et codifiée par les gouvernements et autres instances décisionnaires.
Et le terme « roue libre » n’est pas anodin, d’ailleurs. Il faut s’imaginer le nombre de réglementations actuelles relatives à l’automobile qui n’existaient pas du tout quand les premières voitures ont circulé de par le monde ! En ce qui concerne l’intelligence artificielle, il faudrait également se pencher sur des limitations et des réglementations afin d’éviter le pire.
Le pire, sur la route, c’est un accident mortel. Dans le monde des IA, c’est un remplacement toujours plus marqué et général de l’intelligence humaine par celle des ordinateurs. Voire, selon les plus catastrophistes, une prise de pouvoir par certains systèmes pourvus d’une capacité d’initiative.
Car quand on y réfléchit, il n’y a pas que le marché de l’emploi qui se retrouve exposé. Aujourd’hui déjà, le hacking est facilité par le développement des intelligences artificielles. Certaines fraudes fleurissent au sein des transactions commerciales.
C’est sans parler – nous n’allons d’ailleurs pas approfondir le sujet, car c’est extrêmement dense – des fantasmes d’immortalité nourris par certains experts, qui voient en ces instances une révolution pour la médecine.
Aux côtés d’Elon Musk, on compte Gary Marcus, un cador de l’IA. Mais également Steve Wozniak, l’un des fondateurs du géant Apple. Et la liste est encore longue. Ces gens savent de quoi ils parlent – certains ont même, paradoxalement, un vrai intérêt financier à voir les modèles de traitement prendre leur essor. Alors, peut-on s’attendre à des réactions dans les hautes sphères internationales ?
La course à l’IA : à quoi faut-il s’attendre dans les mois qui viennent ?
Il paraît clair qu’un status quo n’est pas au programme. D’ailleurs, le gouvernement italien a déjà prononcé l’interdiction de ChatGPT il y a quelques jours. Cette sentence ne semble aucunement définitive. Et elle n’est pas liée directement au moratoire dont on parle ici. Pour autant, on devrait assister à ce genre d’allers-retours très souvent en 2023 et dans les années à venir.
La lettre ouverte du 29 mars ne pourra pas geler soudainement toutes les activités concernées. En revanche, elle a une résonance internationale. On voit mal comment les éléments soulevés par ces sommités pourraient être ignorés, d’autant que tout le monde est concerné, du plus puissant au plus pauvre.
Ce qu’il va vraiment falloir trouver maintenant, dans ce monde où tout va très vite, où la course l’emporte bien souvent sur la marche, c’est un équilibre. Celui qui ferait de l’IA une alliée, et non une ennemie. Qu’en pense Chat-GPT, tiens ? 😉
